L’enfant dans le couple pervers narcissique

CABINET DE PSYCHOTHERAPIE & SOPHROLOGIE A PARIS 20

 

Certifié SFS, Thierry Mignon accompagne les enfants, adolescents & adultes dans leur épanouissement et développement personnel

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L’enfant dans le couple pervers narcissique

10 déc. 2017

Existe-t-il un couple pervers narcissique ? Comment le couple pervers narcissique va- t’ils établir une relation familiale ? De quoi un enfant à t-il besoin pour sa construction ? Un comportement parental violent peut-il influencer la construction de l’enfant ? Comment les parents pervers narcissiques instrumentalisent-ils l’enfant ?

L’enfant dans le couple pervers narcissique

Existe-t-il un couple pervers narcissique ?

Oui. On parle souvent du pervers narcissique et des dégâts sur ceux ayant réussi à s’en échapper. Mais deux pervers peuvent vivre ensemble. Leurs liens sont des alternances de perversions où la notion d’amour est absente. C’est parfaitement logique puisque l’amour pour le pervers n’a pas de sens. C’est un concept ou un vécu dont il n’a aucune connaissance ou expérience. Néanmoins, c’est ce sentiment qu’il exploite chez sa future victime. Les pervers agiront comme deux trous noirs cherchant par tous les moyens à absorber son ou sa partenaire. Mais comment fonctionne la famille dans cette structure ? Comment les enfants sont-ils eux aussi instrumentalisés et avec quelles conséquences ?


Comment le couple pervers narcissique va- t’ils établir une relation familiale ?

Comme je l’ai dit lors de mon article précédent, « la base de leur relation est une dynamique perverse narcissique où chacun va alimenter le précepte du « moi avant tout ». Si le mode du pervers fonctionne avec une victime et un bourreau, dans leur cas, il y a une alternance des rôles. Les places ne sont pas figées. » « Pour que la perversion fonctionne, il faut que l’un soit identifié comme le pervers de l’autre, afin que celui-ci entre dans le jeu en tant que victime consentante, complice et acteur de la manipulation commune. ». Mais qu’advient-il des enfants dans cette structure ?

Les enfants sont eux aussi englobés dans la dynamique pervers. J’ai pu me rendre compte des dégâts et des conséquences dans la construction de l’enfant. Tout d’abord, l’enfant est avant tout une victime collatérale. Oui, c’est une victime qui va apprendre à composer pour sa propre survie. Mais je vais d’abord proposer d’analyser les besoins de l’enfant.


De quoi un enfant à t-il besoin pour sa construction ?

Les premières années de son existence élaborent son schéma (lien avec l’extérieure, établissement des frontières du dedans et de l’extérieur, mode communication verbal et émotionnel, ressenti in situ et in vivo, perception de l’environnement etc…). Ça va être le moment où il va assimiler, copier imiter et percevoir l’intégralité de ce nouveau monde. Il y a un père une mère, une fratrie, en un mot un contexte qui va le situer et au travers lequel il va construire ses propres repères. Il y a le parler (verbale) ainsi que des perceptions dans cet univers neuf. Tout va s’inscrire sur la page blanche qu’il est, écrivant ses différences. Attention, l’enfant possède sa propre personnalité. Bien qu’il soit le mélange génétique de ses deux parents, il possède sa propre part d’existence. Il a ses capacités, ses envies qui vont se développer avec le temps. Ce qui inclut à des âges plus avancés de tester les limites que lui impose les adultes, les autres enfants. Toutes ces phases réduites en quelques lignes sont évidemment normales pour la plupart d’entre nous et ne peuvent être remises en question. Cependant…

 

Un comportement parental violent peut-il influencer la construction de l’enfant ?


Oui. C’est aussi dès l’enfance qu’une dysfonction des rapports intra familiaux deviendra un enjeu majeur. Un enfant ayant connu la violence peut reproduire ce type de rapport considérer comme normal, puisqu’il est développé au sein de la famille. Le modèle parental l’ayant pérennisé, le rapport social sera certainement construit sur ce principe. La maltraitance entre dans ce registre. Néanmoins, tout va être confiné, tenu secret, en imposant une omerta « paradoxale ». Les adultes savent que ce genre de comportements peut entraîner l’intervention de la justice. La peur de l’enfant est de perdre ses parents. Il peut aussi penser qu’il est le seul responsable des maltraitances qui lui sont infligées. S’il ne faisait pas de bêtises, il ne serait pas sanctionné. Donc c’est normal qu’il le soit. En un mot, cette violence est de sa faute. Ce système va être exploité par les adultes, jusqu’à l’extrême. Article paru dans le Monde le 15 juin 2012.

 

« Fin juin 2008, la constatation par un médecin scolaire d’une trace violette et profonde « en épi de blé » tout au long de la colonne vertébrale de la petite Marina, morte sous les coups de ses parents, à l’été 2009, a enfin enclenché une enquête du parquet du Mans. Devant la cour d’assises de la Sarthe, les parents, répondent depuis lundi 11 juin de « torture et actes de barbarie sur mineur de 15 ans par ascendant ayant entraîné la mort ».


Alors qu’ils reconnaissent avoir régulièrement porté coups de pieds, de poings, de ceinturon ou de bâtons à l’aînée de leurs cinq enfants, ils sont parvenus à maintenir vis-à-vis de l’extérieur l’image de parents acceptables. Les quatre premiers jours d’audience ont révélé qu’ils le doivent principalement aux mensonges opposés par Marina par amour pour eux, aux institutions (…)

Entendue seule, le 23 juillet 2008, durant quarante minutes par deux gendarmes, qui égrenaient la litanie des lésions qui avait mué son petit corps en véritable carte géographique, la fillette a livré sans jamais faillir une version identique. Avec un souci du détail impressionnant. La douche trop chaude ? Elle l’a prise « toute seule ». « Je suis grande », a-t-elle fait remarquer. Elle parle à la femme et à l’homme en uniformes, de ses jeux avec ses frères et sœurs dont elle décline noms et âges (…)

« Papa est déménageur et maman fait du ménage à la maison », raconte-t-elle d’une voix flûtée. Elle assure que si elle avait « un secret qui fait mal », elle le confierait à une copine de classe… dont elle est incapable de livrer le nom. Elle jure n’avoir aucune idée du motif de l’entretien en cours. Non, « personne » ne lui fait de mal. Sauf « [ses] frères et sœurs » qui la « tapent avec la main ou le poing ». Elle-même, précise-t-elle, « ne [rend] jamais les coups ».

Mais il y a ce lapsus en toute fin d’entretien. « Personne ne te fait de mal ? », interroge une dernière fois l’enquêtrice. « Sauf maman et mon papa », lâche du tac au tac la petite, qui se reprend aussitôt : « Mon papa, il tape pas, et maman aussi. »

Tiré de mon mémoire de fin d’études : « Réflexions sur différents niveaux de violence dans notre vie : comment la sophrologie peut aider, soigner, réparer. »

 

Comment les parents pervers narcissiques instrumentalisent-ils l’enfant ?


Il me semble grave dans le schéma fil conducteur de l’article, d’inclure l’instrumentalisation comme un mode d’existence. L’enfant va être la victime et l’outil des parents pervers narcissique. Dans ce contexte, il n’est pas un être de qui l’on va s’occuper, mais un simple objet. Dans l’exemple qui m’intéresse, l’enfant à son insu est devenu un enjeu, le point de départ d’un chantage. « IL » n’existe pas en tant que tel. « IL » est un argument, « IL » est une poupée utilisée par les parents par alternance et/ou ensemble pour s’atteindre et poursuive la dynamique perverse. Peu importe s’« IL » souffre. « IL » est confié à des tiers (personnel de maison dans le cas évoqué), qui changent en permanence. « IL » a beau dire qu’il se sent perdu, personne ne l’écoute, car « IL » est sans importance… Dans ce cas quelle est sa place et comment va-t-il s’attacher ? D’ailleurs, pourquoi s’attacher puisque l’environnement est régulièrement changé ?

 

La violence sans les coups, est-ce de la violence ?

Oui absolument. C’est un mode de terreur. Dans ces couples, aucun respect n’est accordé à l’enfant. C’est en adéquation avec leurs propres pathologies perverses. Il va être obligé de choisir l’un ou l’autre de ses parents dans les phases d’attaques et ce immédiatement. Évidemment, il y aura toujours la vengeance d’un des deux parents. Dans l’exemple qui m’inspire cet article, les parents règlent leurs comptes en sa présence. Cette violence est institutionnelle. C’est une suite d’attaque, de chantage, de situations extrêmes catalysées par l’enfant. Pour obtenir ses faveurs, on va le couvrir de cadeaux, lui faire des promesses, etc. Cette attitude le terrorise. Il va accumuler des tensions et les évacuer à sa façon. Toutes « ses façons » seront le moyen d’attirer l’amour parental. Hélas, il ne sera jamais au rendez-vous.

Quelles conséquences ces violences ont-elles sur l’enfant devenu victime ?

L’enfant est en proie aux cauchemars. Il exprime son angoisse par de multiples signes que l’on doit accueillir contextuellement. Qu’en est-il des sévices qu’il s’inflige à lui-même (recherche de situations extrêmes incluant la mise en danger de sa propre vie, provocations par des comportements indécents, actes de cruauté tournés vers lui-même), la plupart du temps en public ? Quoi dire des attitudes violentes envers ses camarades, et provocatrices à l’excès ? En l’absence de traces corporelles, peut-on faire un lien avec une vie de famille dysfonctionnelle ? Ces attitudes ne sont-elles pas l’expression d’un malaise, d’un appel au secours ? Mais il n’y a pas de prise en charge des services sociaux, car l’attaque est morale. De plus, en l’absence de violence physique que peut faire l’extérieur ?

Comment conduire une thérapie et comment le couple pervers va saper le travail fait à l’extérieur ?

Il sera sapé à cause d’une attitude ascendante intrusive. En effet, tout ce qui se dit et se fait dans le travail, notamment la phénodescription (sensation après la séance de sophrologie) est confidentielle. Répondre à l’attente des parents dans l’exercice de ma profession est vitale et l’aide de la famille primordiale. Mais il inclut le secret des échanges ou secrets professionnels. Le travail que je propose est basé sur la personne. L’enfant a le droit au respect, à la dignité, à tout ce qui fait de lui un être important. Mais une fois la porte du cabinet refermé… Tout est détricoté et analysé sans aucun respect, pour son intimité et sa liberté.

Pour conclure, cet article est un appel à la justice. La loi doit protéger les plus faibles et se doter de moyens pour le faire. Les enfants sont les victimes dans ces couples dangereux. Si des adultes maltraitants moralement sont absout par l’absence de lois, par la complaisance inspirée par le statut social (juriste pour cet article), qui va les empêcher de nuire ? que deviendra cet enfant ?

 


Article écrit par Thierry MIGNON

Je vous invite à suivre ce lien http://psychologies-polard.fr/enfant-ado/psychologie-de-lenfant-principes-et-definitions/